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Carnet d'Amérique 2

  • freddanews
  • 5 nov. 2024
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 nov. 2024













Travel with Daddy

 

Un 4 juillet 1989

Nous sommes partis

En Buick Spectradyne SP55

On est arrivés

En pleine nuit

Dans une ancienne mine d’or à Sonora

La famille Jackson

Enrichie à jamais

Aurait-elle croisé mon arrière-grand-père pionnier ?

Nous aussi

On aurait pu migrer

S’enrichir à jamais

Nous roulions

Dans la froideur de l'air conditionné

Nous étions sur une piste jaune et blanche

Quand les flics nous ont soutiré 150 dollars cash

Pour nous être arrêtés en sens inverse de la marche

 

Sur une piste jaune et blanche

Poussiéreuse

La voiture chauffait

 

A l’arrêt

Mes cheveux blonds verdissaient

A force de me baigner dans l’eau hyper chlorée

Des piscines jamais fréquentées des motels

Je le voyais

Dans la fraîcheur artificielle

Derrière les vitres teintées de la Buick

Je le voyais qui ruminait

Je me voyais

Extralucide nue enfiévrée et décousue

Sous leurs paupières fermées

Mes yeux fixaient les rayons du soleil

Je me brûlais la peau

Je le voyais

Lorgnant les serveuses décolorées

Aux décolletés happants des coffee shop

Je nous imaginais

Prisonniers de cette Amérique

De notre amour arythmique  

À jamais enfermés dans une Buick

 












                                                                                     

New Orleans 91 - La cité aux anges noirs       

                                                       

Un jour, J. m'a emmenée dans une cité bien loin de Main Street, du quartier français et des bateaux à vapeur.

Une cité aux églises décharnées emplies de familles magnifiquement noires et endimanchées.

Il y avait une beauté grise presque transparente et une moiteur d'Afrique, du moins je l'imaginais, puisque je n'y étais jamais allée.

Les gens me regardaient, me souriaient. Ils avaient des bouches pleines de dents et des mains pleines de doigts.

Ils swinguaient des sons élégiaques et rocailleux qui m'étaient si naturellement familiers.

Ces chants-là résultaient de l'instinct, de la bonté aussi.

Après le gospel et la manifestation, nous avons été arrêtés par les flics, sur la route de l'hôtel.

Ceux-là̀ n'étaient pas des motards pour touristes. Ils nous ont pourtant arrêtés à cause de la caisse pourrie de J.

Une Coccinelle bleu clair. Avait-on idée de rouler avec une telle chose aux Etats-Unis !

Ils ont fouillé le véhicule. Le coffre avait un double fond, comme dans les films. Un fusil et des bombes lacrymogènes reposaient là.

On s'est alors retrouvés embarqués dans la voiture aux gyrophares gueulants, moi, la touriste en suspens, et J., le hippie peut-être criminel.

Je ne savais rien de lui et des risques que j'encourais. Je l'admirais, car il m'avait emmenée dans cette cité aux anges noirs.

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