De peau
L'étude révélée jeudi 14 novembre 2024 sur la sexualité des Français me ramène à une notion trop peu mise en avant : la sensualité, notre rapport à la peau, à la matière solaire, à la nudité. (Merci à Philippe Katerine, déjà à poil bien avant l'heure).
Dans la philosophie du Tantra, qui va bien au-delà de la simple référence à la sexualité, il y a une soif de liberté — de corps libre — une soif de corps sensuel et de sexualité spirituelle... N'est-ce pas aussi cela, la construction du désir ? Se réapproprier nos corps et le soleil sur nos peaux, déjà fripées par les restes des boomers et de la génération X (en ce qui me concerne) !
Voici quelques impressions et haïkus qui traversent des moments de désir et de sensualité.
*photo Christophe Crenel
Impression de haïku - Les Goudes
L’écho d’un chant vieux
Résonne sur les roches blanches
Vallée magnétique
Eaux transparentes
Ciel bleu lapilazulien
Effluves salées
Nues, comme des filles
*photo personnelle - Calanque de Marseille , 1980 - Laurence, Frédérique, Céline.
You
You - Turtle-dove
Bird of the lake
Take of your skin
Where we hang on
You - Turtle-dove
Bird of the lake
Remove your blinkers
Where we hang on
Toi - Tourterelle
Oiseau du lac
Ôte ta peau
Où nous nous accrochons
Toi - Tourterelle
Oiseau du lac
Enlève tes œillères
Où l’on s’accroche
Impression de haïku - Les étangs
Beaux étangs
Aux premières lueurs
Du souffle vert
Bois coupé
Bruit de l’eau qui coule
Soleil déjà chauffant
Petit déjeuner
Nous lisons en riant des contes érotiques japonais
Des belles de jour
Des cheveux multicolores
Des bites érigées
Accroupis alors
L’herbe chatouille la peau de nos culs
Heureux moments
Provenchères-sur-Fave – été 2017
Pour P,
Je suis capricieuse
Tu es pisse au lit
Je suis en cornet
Tu es pissenlit
Les insectes me bouffent les cuisses
Pendant que tu nettoies ta canne à mouches
Au bord de mon état précipice
Tu me noies et me repêches
Tu flingues tous les zombies aux prénoms d’anges
Je suis sur un lit de fourmis ailées
Atteinte par mon système somesthésique
Nue, j’attends que tu viennes…
À l'assaut - le poil étourdi
Car tu es là
Tout autour
Je garde pour toi et je triche
Une petite larme sans importance
Deux hominidés sur la plage
Nous avons déposé nos peaux
Sur un espace mouvant
Sur des puces de sable
Minuscules Sauteuses Translucides
Nous avons déposé nos peaux
Sur des creux frisés
Sur des algues décrochées
sur des bosses enragées
Sur une serviette humide d’écume de vagues
Nous coulons des minutes heureuses
des débuts - des sensations d'allumeuses
Nous habitons les trous de poulpe d’Aimé Césaire
Nous rêvons des siestes de ragtime et de blues
Nous avons fini de nous vautrer
Dans notre propre torpeur de morne et de fada
*Ce texte est régulièrement lu dans les tours de chant des albums BISOLAIRE et PHOSPHÈNE en amont des chansons "Jours heureux" ou "Viens avec moi".
Lac du Salagou
Au point de faire naître
Le sentiment du bleu
La sensation de douceur
Sur la terre endurcie
Il semblerait
Que les cigales se soient arrêtées
Que le vent se soit calmé
J’amplifie le silence
Au point de faire naître
L’attention
La pure intuition
L’amour indestructible
Ne pas craindre l‘éternité des berges artificielles
Lac turquoise
Bouées orange vif
Aulnes bruyants
Doigts serpents
Enfant sauvage
Soleil brûlant sur la peau
Au point de faire naître de jeunes âmes encore humides
*Dessin de Charlie-Rose Parisot
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