Je vous partage une sélection de quelques-unes de mes lectures journalistiques et littéraires de ce tout début d’année 2025.
Bien sûr, le numéro spécial de Charlie Hebdo, dix ans après l'attaque terroriste, version papier, est arrivé jusqu'à ma table, comme c'est le cas depuis tout ce temps. Il accompagne ce jour, mes lectures de rescapés de cette tuerie, dont le récit de Philippe Lançon, Le Lambeau, sur sa longue reconstruction. Fabrice Lucchini en admirait avec emphase, un extrait, un dimanche soir sur Inter, durant cette trop longue trêve de fin d'année.
Dans Le Monde, en lisant la chronique consacrée à la talentueuse dessinatrice Coco, je pense à Biche, ce jeune dessinateur de 29 ans qui a rejoint la rédaction en 2018. J'avais croisé sa route lorsqu'il était encore étudiant aux Beaux-Arts de Caen, dans la même promotion que ma fille aînée. Il était intrinsèquement habité par cette passion du dessin de presse, doté de toutes les qualités qui en feraient, de toute évidence, une nouvelle recrue indispensable.
Je ne manque pas la dernière chronique de Maïa Mazaurette, qui aborde un tout autre thème et style ! Comme dans chacune de ses chroniques, Maïa, explose avec tant de liberté et d'humour, les injonctions et les doux désirs qui pèsent sur nos corps d'hommes et de femmes.
Et puis, il y a aussi le roman Ta promesse de Camille Laurens, qui questionne le narcissisme contemporain et l'absence d'empathie, dans une histoire, somme toute, de manipulation amoureuse. Enfin, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur d’Harper Lee, car je me suis lancée, dans le jeu dont je ne suis pas l'instigatrice, (un ami me l'a soufflé), de lire le livre unique d'un auteur de génie, et c'est le cas de cette autrice, tout comme La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole. Mais en réalité, Toole en a écrit un deuxième.
À vous de le découvrir !
Et parce que j'aime et suis CHARLIE, voici un texte écrit quelques jours après l'attentat :
Au surlendemain de l'attentat de Charlie Hebdo, je prenais ce train et écrivais de manière automatique ces quelques lignes, totalement obnubilée par le choc que cette tuerie avait provoqué.
Le mercredi 7 janvier 2015 au matin, j'écoutais Houellebecq, l'invité de France Inter, interviewé par Patrick Cohen, tout comme Philippe Lançon, qui, une heure trente environ après cette interview, devenait un rescapé de cette tuerie.
Ce n'était pas vraiment mon heure d'écoute ; habituellement, j'écoute plus tôt. J'ai éteint la radio très tardivement ce matin-là. Il était à peu près l'heure où les tueurs cherchaient l'entrée du journal quand j'ai éteint la radio.
Peu de temps après, Pascal m'a appelée, juste après que j'ai éteint cette radio, pour me dire qu'il se passait un truc, un attentat dans les locaux de Charlie Hebdo.
Matin d’hiver - Dans le RER Rovo de 8H39
Il fait encore nuit dans le RER Rovo de 8H39
Sous une bombe, nous nous reconnaissons
Dans un journal que peut-être nous n’avons jamais eu en main
Les dessinateurs, eux, maintenant, de là-haut, comment se marrent-ils ou exècrent-ils
cette récupération supra-collective ?
Je suis CHARLIE
Déjà meurtrie
Déjà consciente
Déjà enfant de course
Déjà enfant intelligent
Déjà dans l’herbe morte
Déjà face au voleur à tout prix
Déjà à la lumière qui creuse le ciel
Déjà dans chaque mercredi tout pourri
Je suis CHARLIE
Dessinatrice
Triste
Ailleurs
Libre
Face et front au fou qui parle
Grande gueule étranglée
Lestée et délestée du malheur de la terre
Le jour commence à pointer dans le RER Rovo de 8H39
Comments